Trois semaines après tout le monde, la Roca Team s’est enfin lancée dans un grand calendrier de l’avent afin d’officialiser jour après jour l’ensemble des rumeurs qui circulent depuis presque deux mois maintenant. Alors qu’un bon tiers de l’équipe est déjà officialisé, alors qu’on a un bel aperçu des contours de l’effectif global (dont vous pouvez suivre l’évolution sur mon article : Le Calendrier de l’avent estival 2022 de la Roca Team !), il est temps de poser un peu son postérieur sur une chaise, afin de dégager les tendances, et de voir que tout cela s’annonce vraiment très positif dans l’ensemble.
Revue d’effectif, pour l’instant…
11 joueurs pour l’instant, rumeur et confirmations confondues. C’est bien, mais il en manque encore quelques-uns (2 minimum) pour avoir ce qu’il faut pour tenir sur la durée (12-13 joueurs seraient convenables, 2 par poste + 3 backups). Surtout que malgré les belles paroles des dirigeants, le contingent de JFL est encore très léger en quantité (mais monstrueux en qualités). L’idéal serait d’avoir au minimum un 5 de JFL pouvant être titulaire partout en France (jurisprudence ASVEL champion les deux dernières saisons). De fait, il ne nous manque plus qu’un intérieur, car avec Okobo, Ouattara, Makoundou, Moerman, c’est hyper solide (et ça joue directe le titre). Et ça équilibrerait l’ensemble du roster.
Le hic, on est déjà à 7 étrangers, dont 5 hors UE, et deux UE (Motiejunas et Diallo). Ça limite les rotations en championnat, oblige d’avoir un joueur hors de la feuille (on sait combien ça nous a couté en Playoffs), même si le contingent de JFL est plus apte à compenser. Par contre, pas la peine d’imaginer développer des jeunes, ce n’est clairement pas dans le fonctionnement made in Sasa.
Un changement radical dans les contrats !
La bonne nouvelle : que des contrats « longue durée » ce qui explique peut être la canicule actuelle. Des deux ans, des trois ans, c’est rarissime dans l’histoire récente monégasque. Attention quand même aux clauses cachées, type clauses de sortie NBA (pour Okobo et James probablement), ou des clauses de maintien en Euroleague (si on n’est pas en Euroleague en 2024, les gars pourraient avoir leur bon de sortie…). Mais franchement, c’est un pas en avant ultra appréciable, et qui va dans le bon sens : il n’y a rien qu’à voir le back to back de l’Efes Istanbul avec un effectif qui a trois ans de vie commune, minimum pour comprendre que l’une des clés du succès, c’est la continuité.
Le made in Sasa peut-il gagner des titres ?
Enfin, le style de jeu ne va passablement pas changer des masses, vu le profil des joueurs. Pas de « pur » meneur organisateur (à l’ancienne) comme l’était Westerman par exemple. On est sur du « ball handler » avec Okobo-Loyd-James, ça va dribbler jusqu’à en bruler le parquet. Avec Brown et Hall, on a des poseurs d’écran et de la verticalité hors pair, doublé de joueurs capable de s’exprimer sans avoir vraiment le ballon en main. Blossomgame, Ouattara et Diallo seront là pour défendre fort, boucher les trous en attaque et profiter des espaces et des ballons qui trainent. L’intensité sera encore une fois la clé de voute du système qui verra le pick and roll être la règle, soit pour provoquer des miss-matchs dont se régalent Okobo et James, soit pour un semblant de création.
La créativité, justement, vaste débat, en basket, elle peut se faire de deux façons : par le mouvement du ballon et des hommes, et/ou par le décalage créé par les picks and roll et le travail individuel en 1 vs 1. On l’a bien compris, ce n’est pas avec Sasa Obradovic que l’on va voir des séquences à 8-10 passes faisant tourner en bourrique l’adversaire. C’est un choix, qui a ses forces, et ses faiblesses. Avec ce style de jeu, il n’y a pas de demi-mesure. L’intensité physique peut vite faire tourner les choses. L’an dernier, on l’a souvent vu, dans le même match, des retournements de situations incroyables passant de -15 à +10 uniquement parce qu’on a fait monter le degré d’intensité physique en attaque comme en défense. Mais l’inverse est aussi valable. Si l’intensité physique n’y est pas, on peut très vite être à court de solutions, et prendre des bouillons mémorables. Car avec ce style de jeu, il n’y aucun filet de secours, rien pour se rassurer en cas de pépin, aucun système permettant un ou deux paniers « faciles » afin de stopper un run. C’est marche ou crève. C’est du spectacle, mais aussi d’immenses grands huit émotionnels.
Du coup, quid des signatures (encore en attente) de Moerman et Motiejunas ? Ce sont des joueurs plus « old school », plus « au sol », des gars qui pour s’exprimer ont besoin d’avoir le ballon. Ce n’est pas des catchs and shooter, ce ne sont pas des gars que tu envoies au plafond pour un dunk sur la meute. Non, rien de tout cela. Et malheureusement, le système de Sasa va les faire courir dans le vide bien souvent, et absolument pas jouer sur leurs qualités. Ainsi, comme Westerman l’an passé, j’ai bien peur que ce soit d’excellents joueurs qui vont aller s’engluer dans le mauvais système. Ce sont des poissons rouges que l’on met au milieu d’écureuils, et à qui ont va leur demander de grimper aux arbres. Et on va les juger là-dessus en plus.
Pour l’instant, c’est quand même ultra positif tout ça !
Au final, pour l’instant le recrutement est individuellement d’une qualité rare, comme chaque saison, on arrive à step up de ce point de vue là. Un doute subsiste sur la façon de jouer de cet ensemble, avec le risque de tomber dans une caricature encore plus poussée que l’an dernier. Le style Sasa est spectaculaire, il fait gagner des matchs grace au talent supérieur de ses joueurs, mais il est sans filet, sans rien pour se rassurer, basé uniquement sur le physique et les qualités individuelles, et on l’a bien vu, il use mentalement et physiquement ses joueurs, et c’est surement ce qui nous a couté le titre l’an passé. Est-ce que cela va changer avec un effectif qu’il aura entièrement composé lui-même ? C’est tout ce que l’on souhaite !